vendredi 11 septembre 2015

René Groebli - Early Works

Cette exposition présente deux séries emblématiques des premiers travaux du photographe suisse René Groebli, né en 1927: «Magie der Schiene» et «Das Auge der Liebe».

Magie der Schiene (la magie du rail) est le premier livre de René Groebli, publié à compte d'auteur en 1949. René Groebli est alors âgé de 22 ans, il commence sa carrière de photographe, voyage régulièrement hors de Suisse et prend le prétexte d'un trajet à bord de l'express Paris-Bâle pour réaliser ce travail personnel.

Dans un style extrêmement audacieux, où l'on perçoit l'influence de la nouvelle objectivité et du Bauhaus et de l'école de Design de Zurich, René Groebli crée une série profondément personnelle. Traversant la banlieue parisienne et la campagne française de l'après-guerre, René Groebli passe de la cabine du conducteur à l'intimité d'un wagon, fixe l'entrée des tunnels ou le tracés des lignes électriques dans le mouvement, photographie le travail des cheminots et les locomotives lancées à toute vapeur.

Par le jeu du grain, du flou et du contraste, et une exploration méthodique de son sujet, René Groebli parvient à restituer la vitesse et le bruit du train, la dureté du métal et l'odeur du charbon, livrant une œuvre expérimentale et radicale autour d'un sujet unique.

De cette recherche esthétique formelle et rigoureuse naît un livre rare, sélection de 14 photographies accompagnée d'un poème d'Albert Ehrismann, un exercice de style exceptionnel pour l'époque qui fait immédiatement entrer son auteur dans la cour des grands. Edité en allemand et en anglais à 1000 exemplaires, encore récemment célébré par Martin Parr dans son Photobook et toujours recherché par les collectionneurs, Magie der Schiene a marqué l'histoire de la photographie.

Dans une approche radicalement différente, qui illustre la liberté de style que le photographe exercera tout au long de sa carrière, Das Auge der Liebe (L'Œil de l'amour) retrace le voyage de noces de René Groebli et de sa femme, Rita, au début des années 50. Le couple s'était marié en 1951, mais le manque d'argent et de temps avait retardé leur voyage de noces. Trois ans plus tard, ils partent enfin célébrer leur amour à Paris et séjournent à Montparnasse dans un hôtel modeste.

Le photographe prendra plus de 300 clichés, au Rolleiflex et au Leica. Le livre, publié en 1954, n'en retient que 25, sélection précise effectuée par René et Rita. Dans un noir et blanc doux et délicat, le photographe réinvente le nu et dévoile les jambes, les seins, le corps de son épouse mais aussi son visage, ses mains et le décor de l'histoire. Dans cette chambre d'hôtel modeste de la France de l'après-guerre : rideaux en dentelle à angelots, lits de fer et papiers peints à fleurs, où s'épanouissent pourtant leurs amours débutantes.

Cette vision sensuelle de l'amour conjugal sera qualifiée à l'époque de pornographie par le journal local zurichois. Pour nous, c'est un poème érotique et sensible: le photographe nous fait entrer dans la chambre à coucher et cette intimité offerte à l'objectif est le plus beau témoignage de son amour.

Cette exposition présente une sélection exceptionnelle de tirages vintage ainsi qu'une édition récente des photographies de ces deux séries, mises à l'honneur par la publication du livre René Groebli, Early Works par les éditions Sturm & Drang.

René Groebli
Early Works
15 sept.-23 oct. 2015
Paris 15e. Galerie Esther Woerdehoff

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