lundi 17 octobre 2016

Hans Op de Beeck - Saisir le silence - au CENTQUATRE-PARIS

Les architectures et les paysages inventés par Hans Op de Beeck oscillent entre réalité et fiction. L'artiste flamand ouvre au CENTQUATRE-PARIS les portes de quelques uns de ses mondes parallèles, invitant le spectateur à les animer d'histoires par la force de son imagination.

Saisir le Silence est une exposition monographique de l'artiste belge Hans Op de Beeck. Elle comprend deux œuvres vidéo récentes et trois installations sculpturales inédites en France.

Le corpus de Hans Op de Beeck est nettement pluridisciplinaire. Il crée de grandes installations, des sculptures, des films, des vidéos, des photographies, des peintures, des dessins, des textes, du théâtre et de la musique. Récemment, il a écrit et mis en scène sa première pièce de théâtre Nach dem Fest pour le Schauspiel à Francfort, pour laquelle il a aussi produit le décor, les costumes et la musique. Il travaille actuellement à sa seconde pièce de théâtre, pour enfants, une commande du théâtre d'Anvers, et Paleis.

Hans Op de Beeck met en scène des mondes parallèles. Il crée et évoque des environnements et personnages fictifs qui sont lisibles, reconnaissables, et ainsi identifiables et acceptables comme une forme de réalité. À travers ses mondes artisanaux et mis en scène, il cherche à offrir au spectateur un authentique moment de silence apaisant, de tranquillité, de consolation et d'introspection.
Les sujets de départ de l'artiste sont délibérément peu remarquables ; il cherche à transformer l'ordinaire en quelque chose d'extraordinaire, le banal en quelque chose d'exceptionnel, en trouvant le parfait équilibre entre forme et contenu.

Pour le CENTQUATRE-PARIS, Hans Op de Beeck a créé The Settlement (2), une installation monumentale en gris monochrome qui comprend quinze maisons compactes sur pilotis, reliées entre elles par un échafaudage en bois, plusieurs barques amarrées, des embarcadères et des accessoires tels que des flammes ondulantes, des filets de pêche, du bois mort, ainsi que des ustensiles et éléments de mobilier. C'est une œuvre sculpturale dans tous les sens du terme. L'artiste a inséré les maisons dans un étang artificiel. Un arrière-plan abstrait - un grand mur vide placé dans le fond - invite le spectateur à observer ce village fictif dans un premier temps de loin, comme un horizon frontal, une scène imaginaire, une sorte de capture d'écran filmique en trois dimensions. La scène entière fait fortement référence à la tradition du cinéma, l'image encadrée, et la ville de Pompéi, paralysée et figée dans le temps. Néanmoins, ce petit village calme et étrange, comme un foyer fictif pour une petite communauté imaginaire et toutes sortes de récits, est contemporain dans son apparence, comme s'il était encore habité. L'œuvre fait émerger la notion romantique et idyllique de la colonie, tout en évoquant la lutte quotidienne avec les éléments que doivent endurer les personnes vivant dans des archipels.

L'œuvre Caravan est une installation sculpturale quasiment à échelle réelle d'une scène nocturne dans une zone urbaine fictive et enneigée. Probablement localisée quelque part entre deux immeubles d'entreprises, un protagoniste absent semble avoir organisé son propre habitat : une petite caravane décrépie avec un feu de camp devant et des accessoires que l'on pourrait associer à quelqu'un qui improvise sa vie dans un lieu abandonné, entre les déchets. Une lumière est allumée dans la caravane, le protagoniste invisible s'y trouve peut-être. Cette scène filmique est à la fois très romantique et chaleureuse, tout en étant dure et solitaire, faisant référence aux personnes en situation de précarité en ville, contraintes de se réinventer ou de se redéfinir, improvisant une vie avec ce qui peut être glané.

Lounge créé en 2014, a était exposée pour la première fois dans l'exposition personnelle d'Hans Op de Beeck : 'Quiet scenery and wandering extras' à la Sammlung Goetz à Munich l'année passée.

Cette pièce qui représente une chambre grandeur nature de style néoclassique. Elle contient les sculptures d'un sofa Chesterfield ainsi qu'un nombre impressionnant de petits accessoires; le tout étant fabriqué en plâtre massif pigmenté. Cette œuvre nous transporte dans le salon, encombré et pourtant inoccupé, d'un sombre hôtel rempli d'objets anachroniques et sans intérêt. Surchargée de détails, cette installation artistique renferme des informations visuelles d'une richesse incomparable. Cette pièce qui baigne dans une lumière artificielle est la plus grande œuvre baroque de type « vanité » que Hans Op de Beeck a sculptée jusqu'à présent.

Le film d'Hans Op de Beeck Staging Silence (2) aborde les notions abstraites et archétypales qui restent dans la mémoire de l'artiste, tel un dénominateur commun de nombreux espace publics similaires expérimentés par Hans Op de Beeck. Les images vidéo en elles-mêmes sont extrêmement simples et banales, tout en étant sérieuses et sombres, faisant écho au mélange éclectique d'images dans notre esprit. Le choix de filmer en noir et blanc renforce cette ambiguïté : l'approche théâtrale de la vidéo évoque l'héritage de la comédie bouffonne, alors que le suspense insidieux et le déraillement latent du film fait allusion au genre du film noir. Le titre rappelle la mise en scène de décors abandonnés où, en l'absence de personnages, le spectateur peut s'y projeter comme seul protagoniste.

Le film d'animation Night Time (extended) est un film sombre et énigmatique sans texte, basé sur une grande série d'aquarelles monumentales monochromes progressivement réalisées par Hans Op de Beeck sur les cinq dernières années, au fil de ses autres projets pluridisciplinaires. Toutes les aquarelles ont été peintes par l'artiste de nuit, dans un état total de solitude et de concentration. Cette atmosphère nocturne est une présence tangible dans les paysages métropolitains, au sein des images de nature, de bâtiments, d'intérieurs et de personnages auxquels l'artiste donne vie dans le film. Night time (extended) est conçu comme un rêve mystérieux et troublant, dans lequel les proportions, les perspectives et les environnements sont fictifs tout en étant universaux.

Biographie
L'artiste plasticien Hans Op de Beeck vit et travaille à Bruxelles. Sa carrière internationale s'étend sur plus de dix ans, avec des œuvres prenant la forme de sculptures, d'installations, de vidéos, de photographies, de films d'animation, de dessins, de peintures et d'écrits (nouvelles). La quête constante de l'artiste pour la présentation la plus efficace du contenu de chaque pièce détermine son choix de technique artistique. L'échelle varie d'une petite aquarelle, à une grande installation tridimensionnelle de 300 m2.
Non seulement l'artiste utilise une grande variété de techniques, il emploie aussi délibérément une diversité de formes esthétiques, allant d'un langage visuel économique et minimaliste, à des designs chargés et exagérés, cherchant à articuler le contenu de l'œuvre aussi précisément que possible.
Son travail se concentre sur la relation laborieuse et problématique de l'Homme au temps, à l'espace et à l'Autre. Hans Op de Beeck donne à voir des lieux, des moments, des personnages inexistants mais identifiables, qui semblent avoir été extraits de la vie quotidienne contemporaine, tentant de saisir dans ses images l'absurdité tragicomique de notre existence postmoderne. Les thèmes clé sont la disparition des distances, la désincarnation de l'individu et l'abstraction du temps, conséquences de la globalisation et des changements sur notre environnement, engendrés par le développement des médias, de l'automatisation et de la technologie.
Hans Op de Beeck évoque parfois la notion de « proposition » pour ses œuvres ; elles sont en effet irréfutablement fictives, construites et mises en scène, laissant le spectateur décider s'il doit les prendre au sérieux, comme une sorte de monde parallèle, ou au contraire les mettre immédiatement en perspective, comme une simple construction visuelle. Son travail se nourrit d'un intérêt certain pour la réflexion sociale et culturelle. L'artiste interroge également la relation difficile entre réalité et représentation, entre ce que nous voyons et ce que nous voulons croire, entre ce qui est et ce que nous nous créons, des stratagèmes développés pour gérer plus facilement notre propre insignifiance et manque d'identité. La production visuelle de cette quête donne lieu à des images oniriques, insidieuses, mélancoliques et étonnantes.

22 octobre > 31 décembre 2016
Installations inédites en France
jours et horaires d'ouverture sur www.104.fr
5 € / 3 € (réduit) / 2 € (abonnés, adhérents)

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