lundi 14 mars 2016

Nicolas de Crécy

Dessinateur de talent, l'œuvre de Nicolas de Crécy n'a de cesse d'étonner. En détournant les codes narratifs des différents genres et techniques qu'il utilise (peintures, sculptures, gravures, etc.), l'artiste propose ainsi des œuvres teintées de mélancolie et nourries par le surréalisme, afin d'évoquer la troublante destinée des frères Wittgenstein.

La première partie de l'exposition, conçue en deux volets, propose un parcours rétrospectif des premiers succès de l'artiste comme Foligatto, paru en 1991, et présente l'étendue de ses expériences graphiques et stylistiques avec notamment Le Journal d'un fantôme, autobiographie d'un dessin qui adresse de manière drôle et cinglante l'autorité du geste artistique. Du scénario baroque et onirique (Le Bibendum céleste) au récit satirique et grinçant (Léon La Came), en passant par la fable muette (Prosopopus) et le conte loufoque (Salvatore), Nicolas de Crécy n'a cessé de repousser les frontières de la bande dessinée, tout en affirmant un style très singulier. L'exposition plonge le spectateur dans la fabrique du dessin, ses techniques (encre de chine, aquarelles, crayons…) et ses processus (story-board, esquisses, retouches). La seconde partie de l'exposition est gardée par un personnage en trois dimensions directement issu de l'un de ses dessins. Une tête posée sur un guéridon toise le visiteur, présence muette et inquiétante, qui semble inverser le régime des regards. C'est l'oeuvre qui nous regarde !

Nicolas de Crécy s'est passionné pour la vie de Paul Wittgenstein (1887-1961), frère du célèbre philosophe autrichien et pianiste virtuose que la Première Guerre mondiale a amputé de sa main droite. Il est connu pour avoir commandé aux plus illustres compositeurs de l'époque (Benjamin Britten, Hindemith, Prokofiev) des oeuvres musicales comme le célèbre concerto pour la main gauche de Ravel. « Le manchot mélomane », titre donné à ces nouvelles productions, est un portrait en creux qui interroge le manque et la disparition, la folie et la création. Les paysages enneigés autrichiens accompagnent l'évocation du corps fragmenté et imaginaire. L'effacement des frontières entre l'intérieur et l'extérieur, par l'évocation de sons, de masques et de fantômes, délivre une expérience sensible de l'ineffable.

Informations
10, esplanade François Mitterrand
29000 Quimper
Le Quartier est membre de ACB (art contemporain en Bretagne) et de d.c.a. (association française de développement des centres d'art).

Nicolas de Crécy
05 mars-18 sept. 2016
Quimper. Le Quartier

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