«Ecran. Ecran. Une multitude d'obstacles nous environne, mais pour prendre en sandwich, deux suffisent. C'est ce précieux interstice qui nous concerne, une épaisseur d'un goût inimitable, cette qualité qui se trame là maintenant précisément. Ni avant. Ni après. Reste à savoir à en jouir.
Passé. Le magnétisme de la ruine tire vers une iconographie mythique de la décadence, structures abandonnées livrées à l'imagination de toute descendance. Avenir. L'irrésistible appel de l'anticipation vise un devenir nécessairement fantaisiste, imbibé de probabilités. Entre la double énergie du futur antérieur, s'inscrit une dynamique électrique à saisir le temps d'une image.
J'imagine l'adolescence-même, confinée à la maison suite à un incident sportif, immobilisée par un évident excès d'activité. Cela se passe au vingtième siècle mais l'informatique a déjà commencé sa longue conquête. Un livre, peut-être suggéré par la prof de français, fait office d'unique échappatoire pour canaliser l'élan vigoureux d'un corps de jeune fille que les circonstances obligent au mode Pause. Suspendue dans ce qu'elle n'identifie pas encore comme l'instant, son esprit boit les lignes et ce qui se trouve entre, pour projeter sa fougue grâce au moteur de la littérature, loin de sa jambe plâtrée à la rigidité peu commune à cet âge. Les courtes nouvelles alimentent de quoi socler toute une carrière. Son auteur les détermine comme chroniques et martiennes, mais elles auraient pu répondre à tout intitulé associant la règle à l'exotisme, la rigueur à l'aventure, l'ordre à l'ailleurs.
Sourires, rideaux, pans lumineux, gifles sérigraphiques, éblouissements, sophistication, minéralité, structures franches et cadrages rythment une initiative qui préfère se hisser hors du jeu pronominal. Ainsi l'espace d'exposition n'est plus une seule et même boîte close agrémentée de signes en sa face interne mais plutôt une zone de disponibilité offerte dans laquelle affleure en différentes stations, la production de dix artistes.
Caressant à leur tour d'autres milieux encore, ces perspectives nous emportent dans de vertigineux feuilletés à la picturalité volontaire. Il s'agit d'œuvrer sans se dissoudre dans la nostalgie ni dans l'espérance, pour au contraire manifester la détermination d'une existence. En un présent affirmatif.»
Julien Meert, Charlotte Moth
Présente
05 mai-13 juin 2015
Alfortville. La Traverse, Centre d’art contemporain d’Alfortville
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