jeudi 9 juillet 2015

Robert Barry, Sabrina Belouaar - Minimum production, maximum expression

L'exposition «Minimum production, maximum expression» s'ouvre sur une œuvre de Stefan Brügemann en empruntant son titre au 590e «Show Title». En effet, il aime faire des listes. En 2000, il commence Show Titles, une liste potentiellement sans fin de titres d'exposition, offerts à la libre disposition de tous.

Dans une esthétique minimaliste, l'exposition rassemble des artistes mettant en avant l'espace littéral (espace physique et réel du support). A travers différentes manipulations la surface des matériaux est le support de l'émergence créatrice ayant valeur de signe.

Anne-Charlotte Yver, connue pour ses modules en bétons, propose une installation in situ inédite. L'angle de la galerie, espace normalement dépouillé, devient ici lieu d'expérimentation sculpturale jouant avec la matérialité du béton. Dans une autre proposition minimale, l'artiste érige un tapis de goudron isolant enroulé pour être rangé comme un totem. Redressé du sol dans un dernier geste sculptural, il vient matérialiser la verticale et l'horizontale par la simple torsion naturelle de son corps.

Les Mate de peau de Sabrina Belouaar résultent eux aussi d'une expérience performative. L'artiste se maquille et embrasse la feuille de papier afin de créer un visage effacé, presque abstrait pour former un passage vers une altérité qui se nourrit de pensées identitaires, sociales, politique, culturelles et traditionnelles.

Les textes de Robert Barry, qui peuvent prendre la forme d'intitulés ou d'annonces, participent d'une pensée nouvelle de la place de l'art dans un contexte culturel bouleversé. À partir de textes placés sur une grande variété de surfaces (papier, toile, miroir, mur, sol, etc.), Robert Barry crée des images mentales qui se substituent aux images réelles — de la sorte, il met en place des processus qui s'apparentent à la télépathie.

Pour cette exposition, la galerie présente un dessin de 1988. Mara Fortunatović modifie les surfaces en fonction de leur sensibilité tactile ou leur opacité grâce à une peinture blanche infiniment colorée. Ses pièces se fondent dans les tonalités et dans les ombres déjà à l'œuvre dans l'espace. Se limitant à la blancheur immaculée du papier et à l'espace environnant, elle invente néanmoins une infinité de possibles et de modulations: le blanc peut être légèrement teinté de nuances colorées, le papier apporter plus ou moins de transparence, de luminosité ou d'onctuosité en fonction de sa texture, mais aussi de son «tombé», de ses plis ou de ses courbes.
Fidèle à un investissement in situ, elle manipule ainsi l'espace qu'elle s'approprie en l'habitant de «fragments» qui sont autant de ponctuations, de césures, de coupures, de révélations visuelles et architecturales.

Dans les œuvres de Julia Cottin le trait fait sens. La peinture noire est grattée faisant apparaître les prémisses d'une architecture pour cartographie imaginaire.

Issu du street art et du graffiti, Tancrède Perrot n'en garde que l'aléatoire lié à l'utilisation d'aérosols: la tache de peinture. Celui-ci les ordonne et créé une composition abstraite, jouant sur les contrastes et les densités entraînant une vision électrique, une énergie, une vibration, sans titre, sans définition, libre.

Timothée Talard

Robert Barry, Sabrina Belouaar
Minimum production, maximum expression
04 juil.-08 août 2015
Marseille 2e. Galerie Gourvennec Ogor

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