Gustave Doré, L'Enigme, détail, Paris, musée d'Orsay
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Exposition temporaire du 12 mai au 16 septembre 2012
COMMISSARIAT SCIENTIFIQUE :
Magali BRIAT-PHILIPPE, conservatrice du patrimoine, responsable du service des patrimoines du Monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse
Philippe KAENEL, professeur titulaire d'histoire de l'art, Lausanne
Philippe KAENEL, professeur titulaire d'histoire de l'art, Lausanne
Benoît-Henry PAPOUNAUD, administrateur du monastère royal de Brou
Jérôme PONTAROLLO, historien de l'art.
Le monastère royal de Brou a souhaité mettre à l'honneur la peinture de Gustave Doré, car contrairement à son œuvre d'illustrateur, l'œuvre peint de l'artiste passe volontiers pour secondaire et est peu connue. Pourtant plus de 200 peintures sont recensées (dont 5 conservées dans les collections du musée), et attestent d'un artiste inspiré et visionnaire. Inclassable car prolixe et libre, les oxymores de « romantique réaliste » ou de « réaliste visionnaire »
peuvent le qualifier. Mais Doré se positionne au delà des courants du
xixe siècle, pour mieux les transcender et traduire l'humanisme de son
siècle. Passionné par l'imaginaire littéraire et mythologique, par le
sentiment romantique de la nature, ou encore par le mysticisme de la
foi, Gustave Doré confessait lui même en 1873 : "J'illustre aujourd'hui
pour payer mes couleurs et mes pinceaux. Mon cœur a toujours été à la
peinture. J'ai le sentiment d'être né peintre."
Né à Strasbourg, c'est à Bourg-en-Bresse que Gustave Doré découvre la peinture entre 1843 à 1847. Enfant prodige,
il publie en 1845 à l'âge de 13 ans ses premières lithographies. Un
témoignage rapporte qu'alors qu'il dessine déjà, les parents de son
camarade Charles Robin lui offrent une boîte de couleurs : le peintre
est né.
Installé en 1847 à Paris, où il commence sa carrière d'illustrateur dans le Journal pour Rire de Philipon, Gustave Doré connaît très tôt la notoriété avec la parution des œuvres de Rabelais en 1854. Mais il n'en oublie pas pour autant sa passion pour la peinture,
au contraire. Il travaille la nuit à ses planches d'illustrations pour
pouvoir peindre le jour. Il s'inscrit aux cours de Henri Scheffer,
poursuit ensuite sa formation chez Dupuis, sans toutefois suivre un
apprentissage académique. Doré présente une première œuvre au Salon de
Paris en 1850, Les pins sauvages.
Les critiques sont mauvaises, tant il est vrai que les prix distribués
étaient pour grande part attribués par des peintres qui détestaient ceux
qui ne faisaient pas partie des académies existantes. Suivent de
nombreux envois au Salon, jusqu'en 1882, mais son talent de peintre ne
sera jamais reconnu en France de son vivant. En 1867 Gustave Doré ouvre à Londres la Doré Gallery et rencontre enfin le succès en Angleterre.
Son œuvre peint porte sa marque, originale et personnelle. Il met sa technique « au service d'une imagination géniale ». Le paysage, dans
sa dimension pittoresque et surtout sauvage et sublime, abonde dans son
œuvre, tout particulièrement le paysage de montagne. Il sert aussi à
traiter les sujets d'imagination. Mais c'est la peinture religieuse qui va rapidement devenir le domaine de prédilection de Doré, surtout à partir de l'édition de sa Bible
en 1866. Il s'impose dans ses immenses toiles qu'il multiplie sur la
vie du Christ, dont il considère certainement le drame comme la plus
exacte et vivante figure de celui de l'humanité. Car il est aussi un témoin fidèle de son époque.
À Paris, Londres, ou en Espagne, il est frappé par la pauvreté urbaine,
et la description sociale qu'il en fait est exaltée par leur romantisme
intemporel. Il fera part des événements de 1870 dans toute leur cruauté, non sans misanthropie. Les trois grisailles « Souvenirs de 1870 »
dont la réunion sera exceptionnellement découverte, sont des
compositions allégoriques, dont les détails sont traités avec réalisme.
Retracer l'ensemble de la carrière de peintre de Gustave Doré, et en rassemblant plus de 75 œuvres, permet enfin d'évaluer son apport dans l'art pictural du xixe siècle et de découvrir pour la première fois rassemblés en France des tableaux inédits. Ce panorama, souhaité le plus complet possible, offre à cet artiste multiple un immanquable hommage.
Cette exposition fait écho à l'événement culturel et artistique 2012 de la Ville de Bourg-en-Bresse Illusions fantastiques et la Saison 2012 du Centre des monuments nationaux Monuments et imaginaires.
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